À moins que vous ne veniez d’une autre planète, vous avez forcément déjà entendu parler de la baie d’Halong. Nous y avons même dédié un retour d’expérience suite à une croisière sur ce blog. Par contre, saviez-vous qu’il existe une autre zone dans le nord du pays qui dispose des mêmes caractéristiques, à la différence près qu’elle est sur la terre ferme ? Je vous propose de découvrir la province de Ninh Bình et plus particulièrement la zone autour de Tam Coc, plus connue sous le nom de baie d’Halong terrestre.
Ninh Bình, Tràng An, Tam Cốc, Bích Động, Hang Múa, Baie d’Halong terrestre … Quelle différence entre ces lieux ?
Ninh Bình est le nom d’une province située à une centaine de kilomètres et pas plus de deux heures de route au sud de la capitale du Vietnam, Hanoi. C’est également le nom de la « préfecture » de cette province, d’où la confusion. Généralement, le nom Ninh Bình fera référence à la province plutôt qu’à la ville, qui n’est pas très touristique en soi et qui est très rarement proposée par les agences de voyages. Par ailleurs, cette province dispose de sites touristiques incontournables, dont la zone de Tràng An, qui est un regroupement de lieux touristiques. Cet incroyable complexe est notamment inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, c’est vous dire.
À l’intérieur de ce complexe de Tràng An, on retrouve le village de Tam Cốc, situé à une dizaine de kilomètres de la préfecture. C’est à partir de ce village que l’on peut accéder aux sites de Bích Động et de Hang Múa, dont nous reparlerons dans cet article. Quant à la baie d’Halong terrestre, il s’agit d’un surnom donné au complexe de Tràng An à cause de la ressemblance de ses paysages avec la baie d’Halong. Il arrive que ce terme de baie d’Halong terrestre soit aussi employé pour parler plus généralement (à tort ?) de la province de Ninh Bình.
Dans la suite de cet article, nous allons principalement nous concentrer sur le complexe de Tràng An, et plus particulièrement sur les sites de Tam Cốc, Hang Múa et Bích Động, que j’ai eu la chance de visiter lors de plusieurs séjours. Mais sachez que la province de Ninh Bình dispose également d’autres endroits extrêmement intéressants et diversifiés comprenant le jardin des oiseaux de Thung Nham, les réserves naturelles comme celle de Vân Long ou de Cúc Phương et de nombreux temples et pagodes, comme dans le reste du Vietnam !
Le village de Tam Cốc, point d’entrée de la baie d’Halong terrestre
Nous passerons brièvement sur le village de Tam Cốc qui n’a rien d’exceptionnel en soi, si ce n’est une grande avenue principale bordée de cafés et de restaurants en tout genre. On est loin du village vietnamien traditionnel, vous croiserez ici beaucoup plus de touristes que de locaux, et vous y retrouverez toutes les cuisines du monde : pizzerias, kebabs, restaurants indiens et autre. Nous avons quand même apprécié le restaurant Chef Hien Restaurant & Coffee qui propose des classiques de la cuisine vietnamienne, et des canards rôtis au barbecue. À noter que la spécialité culinaire du coin est la viande de chèvre qui se décline sous différentes formes (grillée, en bouillon, etc), et que vous pourrez en apercevoir en chair et en os sur les routes et les monts entourant le village.
Tam Cốc n’a donc rien d’extraordinaire niveau gastronomie, mais c’est surtout pour les paysages que le village vaut le détour, comme nous le verrons tout à l’heure. En son centre, vous retrouverez un petit lac, d’où l’on embarquera pour notre balade en barque. Les contours du lac sont bordés par des hôtels d’un genre un peu particulier, souvent appelés « homestay » ou « guesthouse ». En fait, ces hôtels sont constitués de plusieurs petits chalets individuels, abritant généralement une chambre et une salle de bain. C’est le cas du Golden Rice dans lequel nous avons séjourné, situé sur la partie nord du lac.
Sur la petite place de la rive sud du lac, il y a également quelques marchands et stands de nourriture le jour, ainsi que des bus karaoké la nuit. C’est encore une fois pas très authentique, mais l’on a quand même passé une bonne soirée à bord de l’un des bus, en enchaînant chansons et cocktails. Enfin, si l’on s’aventure un peu hors de la ville, on se retrouve vite dans la nature, entouré par les rizières. C’est un endroit idéal si vous êtes adepte des balades à vélo ou des randonnées, et ces routes vous permettront d’accéder aux différents sites incontournables autour de Tam Cốc.
Se balader en barque sur la rivière Ngô Đồng depuis Tam Cốc
L’activité incontournable de ce séjour à Tam Cốc, c’est la visite de la baie d’Halong terrestre à bord d’une barque locale, un bateau sampan. Il existe plusieurs embarcadères et plusieurs parcours en barque dans la province de Ninh Bình, mais le site de Tam Cốc est le plus connu et le plus prisé des touristes. Pourquoi, me diriez-vous ? Parce que cette balade sur la rivière Ngô Đồng vous propose de passer à travers 3 grottes naturelles, répondant au doux nom de Hang Cả, Hang Hai et Hang Ba signifiant littéralement Grotte chef, Grotte deux et Grotte trois si mon vietnamien ne m’abuse. Bon je suis d’accord, ils ne se sont pas foulés pour leur trouver des noms, mais il ne faut pas s’arrêter à ça !
Techniquement, l’excursion coûte une dizaine d’euros par personne pour une balade de près de deux heures, à quoi il faut rajouter les pourboires (non obligatoire .. Mais presque !) pour votre rameur. Il y a près de 1400 barques (une par famille) qui se partagent les centaines de milliers de touristes chaque année, et ils ont la particularité de ramer avec les pieds (oui, vous avez bien lu). Mais pour éviter tout problème, c’est un système de roulement qui régie l’activité, permettant à chacun d’accueillir le même nombre de personnes chaque année. Un prix fixe, pas de concurrence déloyale ou d’aguichage comme dans d’autres lieux touristiques, c’est une sortie paradisiaque qui peut commencer !
Normalement, les gilets de sauvetage sont obligatoires, et une bonne partie de la visite se fait à découvert, donc crème solaire et chapeau sont de mise ! On commence ainsi par faire le tour de l’hôtel Emeralda qui se situe sur une presqu’île sur le lac, on passe sous quelques ponts et nous voilà en pleine nature. La vie semble calme, et selon la période de l’année, il est possible de voir des vietnamiens travailler dans les rizières depuis les barques, voire d’en faire la récolte ! Les paysages s’enchaînent, tous plus beaux les uns que les autres, et si vous avez la chance de parler la langue ou d’avoir un guide, vous en apprendrez plus sur les lieux. Par exemple, c’est ici que certaines scènes ont été tournées pour les films Indochine avec Catherine Deneuve ou plus récemment Kong: Skull Island.
Tout est magnifique, mais alors le passage à travers les trois grottes (à l’aller et au retour) m’a laissé sans voix. Attention à la tête si vous êtes grand, il faut parfois se frayer un chemin entre les stalactites. Je vous laisse admirer le spectacle par vous-même !
C’est sans aucun doute la visite la plus merveilleuse que j’ai pu faire au Vietnam jusqu’à présent, avant même la croisière sur la baie d’Halong. C’est tout simplement féerique, et ça se lit sur les visages des visiteurs qui naviguent sur ces eaux. Je ne peux néanmoins pas faire la comparaison avec les autres parcours en barque de la province, que je n’ai pas encore réalisé. Par contre, qui dit lieu touristique dit vendeurs ambulants et l’excursion ne déroge pas à cette règle : vous trouverez tout au long du parcours des barques photographes et des commerces flottant, vous proposant des produits locaux ou de quoi vous ravitailler.
Visiter et gravir au sommet du mont Hang Múa
Hang Múa (ou grotte dansante en français et Mua cave en anglais) se trouve à environ quatre kilomètres au nord du lac de Tam Cốc. Son nom peut être trompeur, car il s’agit d’une zone touristique qui surgit un peu au milieu de nulle part, composée d’un magnifique lac artificiel fleurit en été, de grands monts calcaires et de petites grottes. Le billet d’entrée dans ce parc coûte approximativement 4€ par personne. Pour ce prix, vous pourrez vous balader dans le complexe, autour et sur le lac via des pontons en bois, mais également gravir l’un des monts calcaires sur lesquels se trouvent de magnifiques points de vue sur la baie d’Halong terrestre. À noter que vous trouverez de quoi boire, vous restaurer mais aussi de quoi dormir, via des « écolodges », pour passer la nuit au sein même du parc.
Depuis le lac de Tam Cốc, il faut compter une bonne heure de marche à travers les rizières pour arriver devant l’entrée du complexe de Hang Múa. Selon les conditions météo, certains raccourcis au raz des champs peuvent être boueux, mais il est toujours possible de faire un plus grand détour au sec en restant sur les axes routiers. D’ailleurs, il y a pas mal de constructions de complexes hôteliers dans cette zone depuis plusieurs années, et certains chemins que nous empruntions ne sont désormais plus accessibles. C’est dommage, on pouvait vraiment se balader dans des endroits pittoresques autour des rizières, des cimetières et des autels pour se rendre sur site !
Après cette petite randonnée en pleine campagne, nous voici devant l’entrée de Hang Múa, où se dresse le mont calcaire et ses quelques centaines de marches à gravir. Mais avant de commencer l’ascension, il est possible de faire le tour du parc et du lac artificiel. Malheureusement pour nous, le lac faisait grise mine en ce mois de février, mais la température était beaucoup plus agréable : il faisait une vingtaine de degrés et un ciel couvert en février, contre plus de 40°C et 80% de taux d’humidité en septembre. Autant vous dire qu’à l’époque, le simple fait de marcher m’avait déjà scotché à la route !
Une fois le joli parc terminé, il est temps de s’attaquer au gros morceau de cette visite, à savoir l’ascension des marches qui composent le mont calcaire de Hang Múa. Forcément, au départ, on commence à les compter, puis une fois qu’on arrive à une centaine … On abandonne l’idée et on essaye de reprendre son souffle ! J’ai entendu parler de 500 marches, sans savoir si ce chiffre est exact, mais ça vous donne une idée du petit effort à produire. Attention toutefois, les marches sont quand même bien raides et peuvent être glissantes (nous avons assisté à quelques chutes sans dégâts). Mais la principale difficulté réside évidemment dans les conditions météorologiques, donc ne vous lancez pas comme nous dans la montée en pleine journée durant l’été !
Au milieu de la grimpette, le chemin se sépare en deux pour vous permettre de visiter deux sommets. Les plus courageux pourront sans doute faire les deux, mais nous nous sommes contentés de faire le sommet principal, qui dispose des plus beaux points de vue sur la baie.
L’ascension est éminemment plus complexe, mais la récompense est d’autant plus belle en septembre. La vue est tout bonnement spectaculaire sur la baie d’Halong terrestre, entre les monts calcaire et la rivière qui serpente en contrebas. D’ailleurs, cette rivière ne vous rappelle-t-elle rien ? Il s’agit de la rivière Ngô Đồng que l’on emprunte en barque lors du parcours au départ de Tam Cốc, dont nous discutions plus tôt. D’ailleurs, vous pouvez apercevoir quelques chanceux en train de faire cette fameuse balade entre les grottes sur les photos ci-dessus !
Visiter la pagode de Bích Động à Tam Cốc
La pagode de Bích Động, aussi connue sous le nom de pagode de Jade, se situe à moins de trois kilomètres à l’ouest du lac de Tam Cốc, au bout d’une route goudronnée et plate entourée de rizières. Il faut compter environ 45 minutes de marche depuis le lac de Tam Cốc, voire davantage si l’on s’arrête en chemin pour observer ou prendre en photo le sublime paysage. Bien que la balade soit vraiment facile à pied, sachez que l’on croise beaucoup de touristes à vélo, et qu’il existe aussi des navettes pour vous y transporter. Vous pourrez ensuite continuer votre route jusqu’à atteindre le jardin des oiseaux de Thung Nham, qui se trouve à quelques kilomètres de là.
C’est en traversant ces décors que l’on arrive à la pagode de Bích Động, qui se trouve elle aussi construite au cœur des monts. Oui oui, j’ai bien dit au cœur des monts : Les bâtiments de la pagode sont disséminés sur l’un des monts, et il faut emprunter des grottes pour pouvoir visiter les bâtiments les plus en hauteur ! D’ailleurs, les différents bâtiments et étages de la pagode sont dédiés à différentes divinités : dans le désordre, certains concernent les bouddhas, tandis que d’autres sont pour des divinités de la culture vietnamienne comme des déesses ou des génies, à l’image du temple Tây Hồ. Mais avant de monter à travers les grottes pour visiter l’ensemble du site, il convient de rentrer dans la pagode en traversant un petit pont en pierre surplombant un étang de lotus.
Une fois à l’intérieur de la pagode, on retrouve une petite cour intérieure contenant plusieurs bâtiments, et un petit jardin. Le fait d’être au pied d’un mont nous permet d’être à l’ombre et relativement au frais, contrairement à d’autres pagodes comme celle de Trấn Quốc à Hanoi. Le lieu est d’ailleurs assez calme et intimiste si l’on a un peu de chance avec le nombre de visiteurs sur place.
Pour la suite de la visite, il faut monter quelques marches à « flanc de falaise » (comme sur la photo ci-dessus) pour parcourir le mont à travers des grottes. Tout au long du chemin, on peut voir d’anciennes gravures sur les roches, en alphabet non-latin. Certains bâtiments sont collés aux parois rocheuses, d’autres se trouvent carrément dans les différentes grottes, rendant le tout très impressionnant. Malheureusement, mon équipement ne me permet pas de vous proposer des photos à cause de la faible luminosité des lieux, mais croyez-moi ça en vaut le détour !
Vous pourrez alors apercevoir plein de détails si vous en prenez le temps : une grande cloche dans la grotte, un autel, des gravures ou encore des bâtons d’encens dans les parois de la grotte. En sortant de la grotte, il ne vous reste plus que quelques marches pour arriver sur les hauteurs du site, et obtenir une vue plongeante sur l’entrée de la pagode.
La visite de la pagode de Bích Động est assez facile, bien qu’il faille pouvoir monter les escaliers et traverser les grottes. Tout est entièrement gratuit, et qui dit tourisme dit une nouvelle fois vendeur à proximité du lieu. Si la météo est de la partie (pas terrible pour nous en fin février) et qu’il n’y a pas trop de monde, vous allez adorer cette merveilleuse pagode à coup sûr !
Finalement, qu’est-ce qu’on retient de Ninh Bình et de ces visites ?
La province de Ninh Bình est vraiment un incontournable si l’on prévoit un séjour au Vietnam, et ce n’est pas pour rien si elle est prisée par les touristes. Les quelques sites que j’ai pu faire sont réellement incroyables, notamment la balade en barque au départ de Tam Cốc qui est mon activité touristique préférée depuis mon arrivée. Grâce à la proximité géographique des lieux, il est possible de faire plusieurs sites le même jour, ce qui est un atout considérable quand on planifie un voyage. Son emplacement permet de la placer dans un « road-trip » dans la partie nord du pays, puisqu’il est possible de se rendre à Hanoi, à la baie d’Halong ou dans les zones plus montagneuses comme Pu Luong facilement en navette.
Le seul point négatif, c’est son côté touristique qui en fait une place peu traditionnelle. Entre les sollicitations permanentes pour vous vendre des bêtises et le nombre de touristes, les lieux comme Tam Cốc sont pauvres en termes de culture vietnamienne, et l’on entend plus souvent de l’anglais que du vietnamien. Évidemment, on sait que l’on vient ici avant tout pour les paysages et il ne s’agit que d’une simple étape dans ce pays si surprenant !
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